- compatir
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• 1541 ; bas lat. compati « souffrir avec », d'apr. pâtir « souffrir »1 ♦ Vx S'accorder, être compatible. « Mais enfin nos désirs ne compatissent point » (P. Corneille).2 ♦ Mod. COMPATIR À : avoir de la compassion pour (une souffrance). ⇒ s'apitoyer, s'attendrir, plaindre. « On ne compatit qu'aux misères que l'on partage » (Thibaudet). Il compatit à notre douleur (⇒ condoléances) . — Sans compl. Croyez bien que je compatis.Synonymes :compatirv. tr. indir. éprouver de la compassion. Compatir à la douleur, au deuil de qqn.⇒COMPATIR, verbe trans. indir.Éprouver un sentiment de compassion. Synon. s'apitoyer.A.— Compatir à/avec + compl. indiquant la pers. dont on partage le sentiment.♦ Emploi abs. :• 1. Nous restions encore à genoux, devant cette tombe inconnue, sans émotion, sans pensée, car nous en étions à ce point où l'on ne peut plus compatir sans pleurer aussi sur soi-même, où l'on détourne les yeux des tristesses parce qu'on a besoin de sa force.GIDE, Le Voyage d'Urien, 1893, p. 63.— En partic., péj. Prendre part, superficiellement, à la douleur de quelqu'un :• 2. On compatit très bien avec des gens qui vivent dans l'idée que la peste peut, du jour au lendemain, leur mettre la main sur l'épaule et qu'elle se prépare peut-être à le faire, au moment où l'on se réjouit d'être encore sain et sauf.CAMUS, La Peste, 1947, p. 1378.B.— Compatir à + compl. déterminé indiquant le sentiment de la pers. obj. de la compassion. Prendre part à :• 3. ... il regardoit la figure d'Annette avec intérêt, car, expressive comme elle l'étoit, sa mélancolie s'y peignoit à grands traits, et il sembla compâtir à la peine qu'il ignoroit, entraîné par le je ne sais quoi.BALZAC, Annette et le criminel, t. 1, 1824, p. 110.Prononc. et Orth. :[], (je) compatis []. [] en dernier lieu ds PASSY 1914. FÉR. 1768 écrit compâtir. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1541 « se concilier, être compatible » (Amadis, II, 18 ds HUG.); 2. [ca 1630 compatizer « prendre part à la souffrance d'autrui » (D'AUBIGNÉ, Lettres diverses, 39 ds Œuvres complètes, éd. A. Lemerre, t. 1, p. 532)]; 1635 compatir « id. » (MONET); ca 1692 « qui prend part aux souffrances d'autrui » (FÉNELON, Dialogues des Morts, 18 ds DG); 1718 « qui exprime la compassion » (Ac.). 1 formé sur compatible; 2 empr. au b. lat. compati « souffrir avec, prendre part aux souffrances de » dér. de pati (pâtir). Compatizer par croisement avec le m. fr. sympathizer (sympathiser). Fréq. abs. littér. :128.DÉR. Compatissement, subst. masc., rare, (absent des dict. gén. du XIXe et du XXe s.). Action de compatir. V. compassion et compatissance. Le cher frère Arcangeli ne donnait rien en réponse à ses plaintes, que des compatissements d'épaules (BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 256). — 1res attest. 1649 compatissement d'épaule (CYRANO DE BERGERAC, L'Autre monde, p. 144 ds IGLF), attest. isolée; à nouv. en 1884 (BOURGES, loc. cit.); du rad. de compatissant, part. prés. de compatir, suff. -ment1. — Fréq. abs. littér. : 1.compatir [kɔ̃patiʀ] v. tr. ind.ÉTYM. 1541; compati « souffrir avec », de com- (cum « avec ») et pati « supporter, souffrir » (→ Pâtir), d'après pâtir.❖———I Vx. (Sujet n. de chose abstraite). S'accorder, être compatible. || Son caractère ne peut compatir avec le mien.1 Une étroite amitié l'un à l'autre nous joint;Mais enfin nos désirs ne compatissent point.Corneille, Attila, I, 3.———II (1635). Mod. (Sujet n. de personne). || Compatir à : avoir de la compassion pour (une souffrance, un malheur). ⇒ Apitoyer (s'), attendrir (s'), plaindre. || Il compatit à notre douleur. ⇒ Condoléance.2 Je sens qu'à sa douleur je pourrais compatir (…)Racine, Bérénice, III, 4.3 L'on s'insinue auprès de tous les hommes (…) en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps.La Bruyère, les Caractères, XI, 109.4 Germain, qui était triste pour son compte, compatissait d'autant plus à son chagrin (…)G. Sand, la Mare au diable, V, p. 46.5 (…) on ne compatit qu'aux misères que l'on partage (…)A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 80.♦ Absolt. || Croyez bien que je compatis !♦ Compatir avec (qqn) : partager la souffrance de (qqn). || Il a du mal à compatir avec les autres, même quand il les voit très malheureux.❖DÉR. Compatissant.
Encyclopédie Universelle. 2012.